2015(e)ko urriaren 15(a), osteguna

Elisabeth Vigée Lebrun, XVIII. mendeko aristokraziaren erretratugilea

 Paris-eko Grand Palais-en antolatu dute Elisabeth Vigée Lebrunen inguruko erakusketa, XVIII. mendeko aristokraziak gehien maite zuen erretratugilea. Hona hemen erretratu bilduma eta Le Monde egunkariak urriaren 13an argitaratutako artikuluaren hainbat pasarte.




Avant que les sans-culottes ne l’étêtassent – c’était un 16 octobre –, la reine Marie-Antoinette fut immortalisée par une jeune femme peu ordinaireElisabeth Louise Vigée-Lebrun (1755-1842) était belle, spirituelle, indépendante, et une des meilleures portraitistes de son temps. Une exposition au Grand Palais permet de s’en faire une idée.

Certes, elle a un petit côté – charmant – Point de vue, images du monde : hormis une dizaine de paysages, dont une curieuse huile montrant des bergers de l’Oberland bernois – pas au travail, Dieu merci, mais faisant la fête –, ce ne sont que comtesses, duchesses, princesses, quelques reines aussi, une ou deux impératrices et à peu près autant de tsars…

Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est la toute première fois que la France
Elisabeth Louise Vigée-ren autorretratua,
1880, 
The State Hermitage Museum
lui consacre une exposition
. A dire vrai, seuls les Etats-Unis s’y étaient risqués auparavant : c’était en 1982, au Kimbell Art Museum de Fort Worth (Texas). Pourquoi tant de réticence ? Sans doute parce que voir alignés plus de cent cinquante portraits d’Ancien Régime, ce n’est pas franchement folichon : l’heure est au divertissement, en matière d’exposition, et celle-ci ne draine pas réellement les foules. Bonne nouvelle: on y sera entre amateurs de belle peinture.

Car elle était douée, la dame ! Il faut dire qu’elle avait été à bonne école: son père, Louis Vigée (1715-1767), était lui-même un portraitiste respecté, et lui avait mis très tôt les pastels (un genre où elle excellera) en mains. Elle étudia aussi avec Davesne, Doyen et Vernet, tout en fréquentant une académie de dessin dirigée par une certaine Marie-Rosalie Hallé. Car des Beaux-Arts, il n'etait pas question: impossible à une jeune femme de travailler d'après des modèles vivants, mâles et tout nus [...].

Elle va en gagner beaucoup, surtout lorsque la reine lui accordera sa confiance. C'est qu'elle n'est pas précisément une beauté, Marie-Antoinette, au point qu'elle ne peut se voir en peinture. Vigée Le Brun saura adoucir ses traits, en particulier le menton prognathe des Hasbourg, et le roi Louis XVI, enchanté de voir sa femme sous un nouveau jour, lui déclare: "Je ne me connais pas en peinture, mais vous me la faites aimer".

La reine apprécie aussi les séances de pose: l'artiste est enjouée, spirituelle et dotée d'une belle voix. Les deux femmes chantent ensemble des airs à la mode. C'est à la faveur royale qu'elle doit d'être admise à l'Académie de peinture en 1783. Les statuts auraient du lui en interdire l'accès, non parce qu'elle était femme -il y en avait une quinzaine sur six cent cinquante membres ou assimilés-, mais parce que son mari exerçait la profession de marchand de tableaux, ce qui n'était pas tolérable aux yeux des académiciens d'alors.

Toutefois, c'est aussi la proximité avec Marie-Antoinette qui lui valut de critiques hostiles. Déjà peu aimée, "l'Autrichienne" avait perdu tout crédit auprès de l'opinion publique depuis l'affaire du collier. Vigée Le Brun tente alors un portrait qu'il faut bien appeler de propagande, en représentant la souveraine avec ses enfants [...].

Lorsqu'en octobre 1789, les Parisiennes des Halles et la garde nationale font revenir le roi de Versailles à Paris, Vigée Le Brun comprend qu'un monde, son monde, celui que la petite bourgeoise fille d'artisan-peintre a tant fait pour conquérir, s'effondre. Et que la virulence des attaques dont elle a fait l'objet ne présage rien de bon. Elle embarque donc dans une diligence avec sa fille Julie et une gouvernante, pour rejoindre l'Italie. Son exil commence. Il durera treize ans [...].

Comme elle représente pour l'aristocratie européene la portraitiste de Marie-Antoinette, martyre de la cause nobiliaire, on se l'arrache. On la demande à Naples: elle y peint la soeur de Marie-Antoinette, Marie-Caroline, princesse des Deux-Siciles et future impératrice d'Autriche [...].

Son errance se poursuit: en 1793, elle est en Autriche. Deux ans plus tard, après acoir traversé la Hongrie et l'Allemagne, elle arrive à Saint-Pétersbourg, où elle est présentée à Catherine II; en 1800, elle s'installe à Moscou puis repart à Saint-Pétersbourg, traverse á nouveau l'Allemagne avant de rentrer à Paris où une campagne menée par son mari a permis de la rayer de la liste des émigrés.

Elle n'y rest que'un an, le temps d'eponger les dettes de son époux, et part pour Londres. Puis revient à Paris, avnat de repartir pour la Suisse... Destin peu commun pour une femme de ce temps. Elle finira ses jours sous le règne de Louis-Philippe en peignant, fidèle royaliste, une Apothéose de Marie-Antoinette. [...] Sa tombe, au cimetière de Louvenciennes, porte une épitaphe qui résume et clôt une vie trépidante: "Ici enfin, je repose".

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